Dimanche 29 mars, 1er dimanche de la Passion et annonces pour la semaine
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Dimanche 29 mars,
Bon dimanche de la Passion à tous. Le caractère austère du Carême s’accentue désormais. Et la liturgie nous porte et nous aide à nous aide à nous convertir… Même si nous ne pouvons pas y assister physiquement, nous pouvons la suivre et l’intérioriser en lisant et méditant les textes, que nous avons parfois l’habitude d’entendre avec une oreille distraite…
« Daignez Seigneur Tout-Puissant, considérer avec faveur votre famille, en sorte que, par la largesse de votre grâce les corps soient droitement gouvernés, et les âmes gardées dans votre sollicitude » Collecte du jour.
L’église sera ouverte ce dimanche de 9h à 10h, de 11h à 12h, de 17h à 18h. Il est prévu l’adoration, et la possibilité de communier au 1/4 de l’heure environ (selon l’assistance) et de se confesser dans la sacristie, suivant strictement les recommandations habituelles.
Sermon
Depuis quelques jours, pensant à ce que je voulais vous dire, cette parole du Christ me revenait sans cesse: « N’ayez pas peur »… Le Christ l’a dit à ses apôtres alors qu’Il marche sur les eaux ou encore le jour de la Transfiguration. Écho divin de la parole de l’Ange à Marie, « Ne crains pas ». Après la Résurrection, ce sera même, « Que la paix soit avec vous ».
Le Pape François a achevé sa très belle homélie de vendredi par ces mots : « N’ayez pas peur ». Je vous encourage à la lire et à la relire. Vous y trouverez certainement des résonances personnelles. Si c’est le cas, notez les quelque part, mettez par écrit vos réflexions et résolutions. Ce temps de confinement peut et doit être un temps de réflexion et de conversion.
Pourquoi cette parole du Christ, « N’ayez pas peur ». Tout simplement parce que cette atmosphère de peur règne et risque de nous gagner. Les conséquences sont immédiates et visibles : c’est l’absence de charité. La peur engendre la disparition de l’amour. La simple recherche de la santé physique, nutritive et civique ne suffit pas. Le grand absent, c’est le souci des âmes. Pas simplement des âmes ceux qui souffrent et vont très mal ; ils sont privés des secours spirituels et sont séparés de leur famille. Les symptômes : famine et isolement. Mais aussi des âmes ceux qui vont « bien », l’écran leur sert de palliatif à tous leurs besoins : affectif, spirituel, culturel… Les symptômes : malnutrition et mensonge.
Loin de Dieu, en ce pays lointain où part l’enfant prodigue, l’homme aura toujours peur. Il aura peur de manquer. Il aura peur de souffrir. Il aura peur d’être seul. On lui donnera simplement de quoi survivre mais la peur ne le quittera pas car il se saura mal aimé car il sera lui-même mal aimant. Cet éloignement de Dieu touche donc à la fois la société et les personnes. Depuis toujours l’Église a voulu aller aux périphéries. Le monde ne cesse de vouloir la mettre elle-même aux périphéries. Depuis toujours, Dieu veut vivre au centre de l’âme, le démon essaye de l’y empêcher. Toujours la même technique, la peur avec ses litanies mensongères en partie énoncées plus haut.
La première réponse à la peur, c’est la présence de Dieu : « Ne crains, pas ». « N’ayez pas peur », « La paix soit avec vous ». Non parce que le Christ le dit, mais parce qu’Il est là, parce qu’Il est en nous. La Vierge Marie, les apôtres, Marie-Madeleine, les disciples d’Emmaüs n’ont plus eu peur.
Nous sommes créés pour louer et servir Dieu Trinité. Pour Dieu le Père, par le Christ, avec l’Esprit-Saint, la seule crainte, la crainte filiale qui doit nous animer, c’est la peur de ne plus être le fils qui marche à la suite dans la confiance. Nous devons avoir simplement peur de ne plus l’aimer assez et comme Il nous y appelle, en suivant sa loi et sa volonté particulière, telle qu’elle se révèle à nos consciences. Pour cela, écoutons, entendons, faisons nôtres cette exhortation de saint Paul aux Corinthiens : « Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, soyez forts. Que tout se passez chez vous dans la charité » (I Cor, 16, 13-14).
La deuxième réponse à la peur, c’est donc la présence de Dieu en nous. C’est la charité. Et celle-ci suppose le bon exercice de don de Dieu, la liberté. Tout est dit par Jésus à ce sujet dans l’Évangile de ce dimanche : « Qui de vous me convaincra de péché ? Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu. Voici pourquoi vous n’entendez pas, c’est que vous n’êtes pas de Dieu » puis « Je n’ai pas de démon en moi, mais j’honore mon Père… ce n’est pas moi qui cherche ma gloire… Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ». Ce dialogue entre le Christ et les pharisiens menaçants est magnifique de vérité car le Christ s’impose comme un être libre. Il le manifestera plus tard d’une manière plus admirable encore tout au long de sa passion. De part sa nature humaine, unie à sa nature divine, le Christ est parfaitement libre. Nous ne le sommes pas. Cependant, nous sommes capables d’actes libres et vertueux qui nous rendent plus libres, plus vertueux et plus saints. Le pape le dit bien, de manière concrète : « La prière et le service discret, ce sont nos armes gagnantes ».
« Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez dans le Seigneur! » (Ps 30, 25)Le saint n’est pas simplement un ami de Dieu, c’est une personne libre, car libérée de la peur. Peur du péché, peur de la souffrance, peur de la mort.
Chers amis, ne cédons donc pas à la peur, à la panique et la culpabilisation permanente. La peur n’est pas simplement mauvaise conseillère, elle est liberticide. Soyons raisonnables. Essayons de faire les tâches ordinaires avec un amour extraordinaire, car la sainteté commence dans les petites choses. Ayons une vie chrétienne réglée. Préparons-nous au mieux à la Semaine Sainte sans nous lamenter que ce n’est pas comme d’habitude… le principe de réalité s’impose à nous avec toute sa force et la beauté de son exigence. Que ce ne soit pas une excuse à ne rien faire ou à mal faire… Contrairement aux disciples d’Emmaüs, nous connaissons la fin de l’histoire et la victoire du Christ sur la mort et le péché. On peut donc dès maintenant choisir deux options : soit le découragement de ces disciples avant leur rencontre avec le Christ ressuscité, soit avoir ce désir profond de dire et de vivre « Reste avec nous, car le soir tombe, et le jour touche déjà à son terme ». N’attendons pas que notre coeur soit « tout brûlant ».
Je terminerai par les paroles de l’antienne d’offertoire : « Je te louerai Seigneur, d’un coeur sincère. Fais cette grâce à ton serviteur : que je vive en gardant ta parole. Seigneur, rends-moi la vie selon ta parole »
Que le Seigneur nous bénisse et que Notre-Dame garde nos coeurs doux et purs, de la douceur et de la pureté des enfants libres de Dieu.
Abbé Vianney Le Roux
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